Grand Larousse du XXè siècle Edition 1930

, par Muriel Lesmond

Les connaissances sur l’épilepsie ont beaucoup évolué depuis un siècle a en juger par cet article datant de 1930.
Mais du chemin reste à parcourir, et pas uniquement du côté du grand public...

Epilepsie (du gr. épi, sur, et lêpsis, de lambanein, saisir)
Méd Maladie caractérisée par des attaques convulsives et la perte de connaissance
ENCYCL. On distingue plusieurs formes d’épilepsie

L’épilepsie essentielle, qui est congénitale ou débute dès les premières années de l’existence. Elle paraît déterminée par des tares héréditaires, et surtout l’alcoolisme des parents, qui ont entrainé des lésions corticales. Elle se manifeste par des attaques plus ou moins fréquentes, précédées généralement d’une aura ( V. ce mot). L’attaque même parcourt trois phases ; une phase tonique, avec morsure de la langue ; une phase clonique, avec agitation convulsive, respiration saccadée et bruyante, enfin une phase de résolution avec prostration( stertor). Les sphincters vésical et anal sont souvent relâchés, et le malade ne garde aucune conscience de la crise qu’il a subie. Le traitement n’est pas toujours efficace. On a longtemps recommandé les bromures ; plus récemment, on a préconisé le tartrate borico-potassique, le gardénal, la cure de désintoxication, le régime désalbuminé. L’épilepsie n’est pas mortelle par elle-même ; néanmoins, elle expose le malade à commettre des actes impulsifs délictueux et à faire des chutes dangereuses, l’attaque pouvant le surprendre à tout moment ; de plus, elle peut conduire, dans les états de mal intellectuel, à la démence chez les enfants et à l’aliénation mentale véritable chez l’adulte. Cependant, elle paraît, en général, s’atténuer avec l’âge. Cette épilepsie essentielle, dite aussi haut mal ou mal comitial, ne se manifeste pas toujours par des accès convulsifs d’une telle intensité ; ils peuvent être remplacés par des vertiges, des obnubilations transitoires, des fugues, des ictus apoplectiques ou même simplement par l’incontinence d’urine chez les enfants, accidents qui sont, en quelque sorte, des substitutifs avortés de la crise. Leur traitement est d’ailleurs le même que celui de l’épilepsie franche ;

L’épilepsie symptomatique produit des attaques convulsives, partielles ou généralisées, qui reconnaissent pour causes des influences extérieures : infections, chute, traumatisme crânien surtout. Les symptômes et le traitement sont les mêmes. _ Toutefois, lorsqu’un traumatisme crânien est en jeu, la trépanation donne souvent de bons résultats. Cette épilepsie, du reste, est de pronostic moins sombre que l’épilepsie essentielle ;

L’épilepsie spinale s’observe dans certaines affections médullaires spontanées, et est caractérisée par des contractions musculaires bien limitées. Charcot l’a rapprochée du clonus du pied (V. CLONUS)

L’épilepsie partielle continue a été surtout observée en Russie ; elle est caractérisée par la coexistence, chez un même sujet, d’attaques d’épilepsie franche généralisée et de convulsions partielles persistant dans les intervalles des crises. On l’attribue à une lésion de la zone corticale motrice.

Art vétérinaire. L’épilepsie se voit chez les animaux domestiques, aussi souvent chez le chien que l’homme moins chez le cheval, et très rarement chez les autres. C’est une maladie nerveuse avec crises, de cause encore inconnue. Elle est dite essentielle quand elle succède à des lésions cérébrales médullaires ou du du système nerveux périphérique. Elle est dite symptomatique lorsqu’elle est due à la présence de vers intestinaux, de parasites de l’oreille.
Chez le chien, dans la grande majorité des cas, il s’agit de crises épileptiformes, et non d’épilepsie essentielle ; la suppression de la cause est souvent des plus simples, et donne la guérison.